Sceau de L'ange : Ailes blanches ensanglantées

Publié le par Pianitza

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Le 7 Novembre sortira le premier album du groupe de métal progressif "Sceau de l'ange" sous le label M&o Music après 10 ans de formation.


Friw : A l'heure de la décapitation de poussin et de la crucifixion de chat sur scène, ou vous situez-vous dans le Métal actuel?

SDA : Là, tu décris le Métal uniquement à travers la violence qu’il peut exprimer. Actuellement il serait plutôt schizophrène entre divinités aux ailes blanches et poches de sang dégoulinantes, il y en a pour tous les goûts ! Sceau de l’Ange ne se range ni à un extrême ni à l’autre, en tout cas pas strictement. On assume autant notre violence que notre légèreté même si notre musique se situe en général plutôt autour de sentiments noirs et intenses. En fait, nous ne portons pas d’attention particulière à la place de notre musique dans le Métal car notre inspiration puise dans tous ses horizons, ce qui est plutôt au service d’une certaine diversité émotionnelle que l’inscription de notre musique dans un courant.

Friw : Votre premier album va sortir après 10 années de groupe, pourquoi avoir tant attendu?

SDA : Nous n’avons pas « attendu » mais mûri ! Ça fait effectivement une dizaine d’années que nous faisons de la musique ensemble : nous avons commencé et grandi musicalement avec ce groupe, ce qui a pris quelques années avant d’arriver à ce résultat. Progressivement notre univers a évolué vers quelque chose qui nous correspondait bien puis les choses sérieuses se sont amorcée en 2008 avec la sortie d’une démo 3 titres... En bref, ce qui compte pour nous c’est d’être à l’aise avec ce qu’on fait au moment où on le fait : pas de précipitation donc mais beaucoup de maturation, c’est notre fonctionnement.

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Friw : Céline dans plusieurs musiques, on peut t'entendre prendre une voix gutturale, peux tu nous expliquer comment tu as travaillé ce timbre de voix? 

Céline : J’ai tout d’abord bossé ma voix claire plusieurs années notamment avec des cours de chant classique ce qui permet entre autres d’acquérir de bons réflexes au niveau respiration, posture et soutien. Ensuite, c’est un travail sur les « fausses cordes vocales » qui donnent ce timbre. Je pratique du « growl » qui est un chant guttural avec un son profond mais il existe de nombreuses techniques de chant saturé sur lesquelles j’aimerais me pencher ! J’ai appris en prenant des conseils à droite à gauche car cette technique est peu développée en France et il est difficile de trouver un prof. A l’heure actuelle, j’ai la chance d’être suivie par une prof compétente sur ces questions et avec qui je travaille pour développer ma voix dans tous les registres et accéder à de nouvelles textures. La plasticité de la voix humaine est étonnante et vraiment passionnante à étudier !

Friw : On peut entendre plusieurs ambiances dans vos musiques : planante, mélancolique, énergique.... ainsi que des clins d'œil au Funk et au Jazz. Selon vous jusqu'où peut-on aller dans le mélange de styles sans perdre son identité? 

Céline / Florian / Raph : Le mélange de styles n’est pas synonyme de perte d’identité. Pour nous, il y a une multitude d’éléments qui composent l’identité musicale d’un groupe dont le style n’est qu’un ingrédient : ambiances, intensité, harmonies, timbres, sonorités, articulation des parties, etc… Autant d’éléments avec lesquels jouer et qui varient à travers nos compositions de manière calculée en gardant une cohérence tout en introduisant une certaine richesse dans la musique. En ce qui concerne le style, le Métal est notre référence mais le détourner ou le mêler à d’autres le rend d’autant plus exaltant. Donc, de ce côté-là, nous ne nous donnons aucune règle ou limite. 

Thomas : Pour moi, le cœur de la musique réside dans les émotions qu’elle véhicule. Ce sont ces émotions qui créent un réel fil conducteur, indépendamment du style utilisé. Et après on peut utiliser les différents éléments musicaux (rythme, mélodie, harmonie, timbre, dynamique, orchestration..) pour exprimer ces émotions de différentes manières. C’est là que cela devient intéressant. J'aime ainsi beaucoup les groupes qui explorent différentes facettes d’une même émotion ou d’un ensemble d’émotions.

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Friw : Comment voyez-vous l'évolution du Métal depuis ces 10 dernières années?

Florian : Depuis toutes ces années, les barrières entre style ont du mal à tomber. Tant qu'il y aura autant de clans entre ceux qui écoutent du Métal, cette musique aura des difficultés à se développer et souffrira d’un certain immobilisme. Heureusement, de nombreuses personnes œuvrent aussi pour une ouverture d’esprit en faisant la promotion du Métal sous toutes ses formes ! 

Thomas : Ces dernières années, l’accès au matériel étant plus facile, la qualité des productions s’est nettement amélioré et ce même pour des autoproductions. Aussi, la musique est également beaucoup plus accessible grâce au Net ce qui permet au fan de Métal de se faire plaisir. En fouinant, on constate qu’il y a énormément de bons groupes de Métal qui existent actuellement et plein de choses à découvrir notamment dans le Progressif ! 

Céline : Après l’essor et le perfectionnement de différents styles comme le Heavy, le Trash et le Death dans les années 90, ce que je retiens des années 2000 c’est entre autres l’apparition du Symphonique avec l’arrivée de chanteuses et de nouvelles orchestrations. Cette époque marque pour moi un vrai tournant. L’apparition de femmes dans le Métal notamment au chant a complètement changé l’expressivité de cette musique vers quelque chose de plus diversifié et a été le début d’une ouverture du genre vers d’autres horizons. Cette ouverture se poursuit aujourd’hui où les chanteuses mais également les chanteurs n’hésitent plus à assumer toutes les facettes de leur personnalité en modulant leur voix entre chant clair et saturé tandis que la musique se pare de différentes couleurs, de l’Electro au Jazz en passant par la Pop. Par ailleurs, le monde actuel est au métissage et le Métal suit cette évolution qui est sûrement une des clefs vers un renouveau possible !

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Friw :  Pourquoi avez-vous choisi la langue de Molière pour vos paroles?

SDA : Cette question montre à quel point nous sommes habitués à des textes en anglais, une habitude qui, si on y réfléchit, n’a pas vraiment de sens pour un francophone. Ce monopole est historiquement assez récent : à l’opéra, les langues reines étaient l’allemand, le français et l’italien ! C’est entre autres une question d’époque. Pour nous, chanter dans sa langue maternelle permet d’écrire des textes plus profonds qui résonnent fortement en nous. Mais c’est aussi se mettre plus à nu émotionnellement, sans distance avec ce qui est raconté et c’est sûrement pour cette raison que de nombreuses personnes renoncent à leur langue maternelle. On a souvent reproché au français de « moins bien sonner » que l’anglais. C’est très subjectif. Il y a effectivement une phonation particulière très différente de l’anglais mais très intéressante à travailler et de notre point de vue, très belle. Au final, il y a tellement de groupes qui chantent en anglais que c’est devenu une des particularités forte de Sceau de l’Ange.

Friw : Qu'est ce qui fait selon vous la différence entre un bon et un mauvais groupe de Métal ?

Céline : La longueur des cheveux… En fait, ce qui est valable pour tout artiste et en fait sa qualité, c’est sa capacité à remettre en question ses propres acquis et à prendre des risques pour explorer de nouvelles pistes et faire avancer les choses. Ce serait donc plutôt dans la durée et dans son évolution qu’un groupe se révèle ou non. 

Florian, Raph, Thomas : La qualité d’un groupe comprend plusieurs éléments comme la composition, la technicité, la mise en place rythmique mais également ce qui ressort de son image et la manière dont il gère le côté « business » de la musique. A l’heure actuelle un groupe doit faire des efforts pour se présenter et se diffuser s’il veut que son travail soit reconnu. Il faut parfois poser son instrument pour se consacrer à des choses plus « marketing » : le soin avec lequel un groupe se présente au public a aussi son importance dans la reconnaissance qui lui est portée.

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Friw : Si vous deviez représenter l'univers de Sceau de l'Ange par un film/dessin animé ça serait lequel? 

SDA : Désolé mais là, on sèche… A vrai dire nous n’avons jamais mis en relation notre musique avec une référence vidéo. Néanmoins, nous nous sommes déjà posé la question d’une image qui collerait à notre musique pour la pochette de l’album. Nous avons pensé à une ambiance poétique et mystérieuse avec à la fois une intensité de couleurs et un côté obscure. L’univers de Travis Smith que nous connaissions à la base pour les pochettes d’Opeth nous a tout de suite parlé. Son travail sur l’atmosphère lyrique et énigmatique, les couleurs intenses et tranchées, la texture entre peinture et photo, a parfaitement collé à ce que nous recherchions. Si tu trouves un film dans ce goût-là, fait nous signe, ça nous intéresse !

Friw : Paul Di'Anno, Blaze Bailey ou Dickinson? 

SDA : Dickinson because he’s absolutely amazing ! Et parce que c’est celui que Thomas imite le mieux ! :-)

 

Friwette

Publié dans Ecrit

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